Les OGM nocifs pour l'environnement
Date : Vendredi 26 mai 2006 @ 23:38:58 :: Sujet : Articles de fond
Une importante étude officielle réalisée en
Grande-Bretagne indique que
les organismes génétiquement modifiés endommagent
la faune et la flore.
Champ de colza.
La plus importante étude
jamais réalisée
en Grande-Bretagne sur les organismes génétiquement
modifiés (OGM) et
publiée lundi 21 mars conclut qu'ils endommagent la faune et la
flore.
Pendant quatre années, les auteurs de cette étude ont
comparé des
champs de culture OGM de colza avec des champs traditionnels. Ils ont
relevé qu'il y avait moins de graines, d'abeilles et de
papillons dans
les premiers.
Les graines de colza, comme nombre d'autres OGM, résistent en
outre aux
herbicides ce qui poussent les agriculteurs à utiliser des
désherbants
plus puissants. La rareté des mauvaises herbes fait qu'il y a
moins
d'insectes, soulignent-ils.
Nocifs
La collecte d'un million de graines et deux
millions d'insectes a été nécessaire pour
réaliser cette étude
commandée par la commission scientifique du ministère de
l'environnement et des affaires rurales.
Pour les groupes écologistes, les résultats de cette
étude prouvent que
les OGM sont nocifs pour l'environnement et qu'ils doivent être
interdits en Grande-Bretagne où ils sont rejetés par une
majorité de
l'opinion publique.
Le secrétaire d'Etat à l'Environnement Elliot Morley a
décrit cette
étude comme "la plus importante jamais réalisée
dans le monde" et
rappelé la politique du gouvernement de délivrer au cas
par cas les
autorisations de cultures OGM.
3 QUESTIONS A… JACQUES MARET
"Les
preuves s'accumulent mais les politiques continuent"
Jacques Maret
est membre
de la Commission Agriculture,
Alimentation, OGM et
Territoires Ruraux des Verts
Que
pensez-vous de l'étude britannique publiée aujourd'hui
qui conclut que
les organismes génétiquement modifiés (OGM)
endommagent la faune et la
flore ?
- C'est une nouvelle preuve de la toxicité des OGM pour l'homme
et son
environnement. Les preuves s'accumulent mais les politiques continuent
à ne pas en tenir compte. Pas plus tard qu'hier, j'ai
participé à une
conférence de presse sur ce sujet : j'y ai appris que des
rapports
portant sur la mauvaise santé des rats consommant des OGM
existent et
auraient été cachés par les pouvoirs publics.
En ce qui concerne cette étude britannique, des rapports
intermédiaires, publiés tout au long de ces quatre
dernières années,
faisaient déjà état d'un appauvrissement
très fort de la faune insecte
et de la flore, lié à l'usage d'OGM. Si les politiques ne
se décident
pas à réagir, on va tout droit vers une reproduction
à l'échelle
planétaire du scandale de l'amiante, de la vache folle ou du
sang
contaminé. Mais à la différence de ces derniers,
qui ne concernaient
qu'une partie de la population, la question des OGM touche tout le
monde car ils sont utilisés dans l'ensemble de l'alimentation.
C'est
donc la totalité de l'espèce humaine et animale qui est
aujourd'hui
menacée.
Face à un rapport de cette nature et à un tel risque, je
retirerais
immédiatement tous les OGM insecticides et herbicides de la
vente.
Pouvez-vous nous rappeler quels sont les principaux dangers
liés aux OGM, pour l'environnement et pour la santé
humaine ?
- Dans 99 % des cas, les OGM sont conçus dans deux buts:
supporter les
herbicides, ou produire des insecticides afin de résister
à certains
insectes. Il existe aussi une troisième catégorie d'OGM
qui cumulent
ces deux caractéristiques: c'est le cas de certains types de
maïs par
exemple. Or, si les herbicides et les insecticides détruisent
les
cellules des mauvaises herbes ou des insectes, ils sont tout aussi
capables de détruire les cellules d'un mammifère et a
fortiori d'un
homme! Les rats consommant des OGM ont souvent des foies 5 à 6
fois
plus lourds que la normale…
Malgré ces découvertes, les produits OGM sont tout de
même mis sur le
marché car ils ne sont pas considérés comme
chimiques, alors qu'ils le
sont fortement. On s'est en outre aperçu que les
économies que devaient
apporter les OGM n'ont pas eu lieu. Au contraire, les résultats
de
l'agriculture productiviste sont moins bons aujourd'hui qu'en 2002,
date de l'introduction des OGM.
Selon vous, cette étude va-t-elle faire évoluer la
réglementation en vigueur aujourd'hui dans l'Union
européenne
concernant les OGM ? Pourrait-elle amener les gouvernements à
interdire
ces produits ?
- J'espère que les pouvoirs politiques prendront un jour leurs
responsabilités et qu'ils finiront par interdire ces produits
extrêmement toxiques. Je crains toutefois que les prises de
décisions
soient extrêmement lentes. Pour l'amiante, il a fallu 90 ans,
pour le
sang contaminé, 5 ou 6 ans. J'espère qu'en ce qui
concerne les OGM les
délais seront plus brefs, même s'ils sont
déjà présents depuis 3 ans.
En attendant, l'urgence est extrême pour la santé des
consommateurs et
pour l'environnement. La procédure d'autorisation en vigueur
actuellement est insuffisante. Les assureurs ont en effet
déclaré
qu'ils ne prendraient jamais en charge les risques liés aux OGM.
Notons
par ailleurs que la directive européenne sur la
dissémination d'OGM n'a
pour l'heure pas été transcrite en droit français.
En théorie, aucune
semence d'OGM ne pourrait donc être faite à l'heure
actuelle en France.
Pourtant, le gouvernement a encore annoncé, récemment, sa
volonté
d'augmenter la production d'OGM.
Propos recueillis par Chiara Penzo
(le mardi 22 mars 2005)
© Le Nouvel Observateur 1999/2000
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